Aux Archipels du P’ansori

Min Hye-sung est chanteuse p’ansori (art coréen du récit chanté). Leonardo Garcia joue des flutes andines et d’Europe centrale. Jean-Charles Richard et Arnault Cuisinier jouent jazz. Nicolas Déflache fait entendre des traitements électoniques temps réel.

Un concert étonnant, résultat d’un travail de recherche et d’écriture poursuivi depuis 2010 par Léonardo Garcia (arrangements), Nicolas Déflache (création sonore) et l’ensemble.

Extraits sonores du concert donné en 2011. Le projet s’est développé et a été joué en Corée du Sud (Jeonju) en 2013, puis au Musée Guimet (Paris) en 2014 (extrait vidéo). D’autres spectacles sont en préparation.

Musicien interprète sonore: une définition

Une salle avec une acoustique, des hauts-parleurs, des appareils électroniques (table de mixage, ordinateurs…), des microphones et des interfaces de contrôle (pédale, mixette, claviers, capteurs…): tout cela constitue un outil.

Cet outil se manipule avec un savoir faire, des techniques et dans un but musical, reflet de la culture qui porte l’interprétation de la musique des XXè et XXIè siècles.

C’est la responsabilité des instrumentistes, des chefs, des responsables d’ensembles de confier cet outil – par lequel passe l’oeuvre, à qui peut remplir ce rôle en connaissance de cause.

Le compositeur se trouve trop souvent obligé de pallier à l’absence d’interprète véritable de la partie électronique de sa musique, en assurant lui-même réalisation, conservation, transmission…

Le musicien interprète sonore est un professionnel capable d’interpréter un catalogue d’oeuvres embrassant une variété de styles, en assurant (seul ou en guidant une équipe et les autres musiciens présents) la réponse musicale de la totalité de l’outil sonore moderne.
Nicolas Déflache est membre de Futurs Composés, réseau national de la création musicale.

Le Jardin de la Parole

La voix qui réveille la musicalité des mots, la poésie des sons, est une piste incontournable de mon parcours sonore et littéraire. Ainsi, l’intérêt de Christine Dormoy pour le son de la voix, au sein de la Compagnie Le Grain, rejoint mon approche du théatre et de la musique par le sonore.

Le lieu du son, son timbre, sa couleur, son rythme font une situation sonore. Lorsque y succède une autre situation, apparaît du sens: la dramaturgie du son s’élabore.
Lorsque nous montons (avec la mezzo-soprano Isabel Soccoja) la pièce radiophonique A-Ronne de Luciano Berio, composée pour 5 voix, certaines sont enregistrées: nous entendons le son de corps absents ou présents de notre « théatre pour l’oreille ».
Les représentations de février 2011 au Glob Théatre (Bordeaux) sont accompagnées d’un laboratoire littéraire et musical autour des voix d’A-Ronne, de ses interprètes ou de celles suggérées par le Théatre de la Voix.
à Bordeaux du 4 au 11 février, à Paris les 25 et 26 mars 2011 puis en tournée.
l’article de Le Monde (.pdf) du 30 janvier 2011.

La Langue dans le Crâne

Pour Eolie Songe et Sphota, le théâtre polyphonique définit un manifeste poétique dans lequel le processus et le sens, la méthode et le propos, la forme et le contenu sont indivisibles. De quoi s’agit-il ? D’entrelacer trois langages – scène, texte et musique, dans une épreuve de soi par l’autre, dans une friction recherchée. Donc de plaisir. De la dissolution des éléments dans un ars magna. Donc de la grâce. D’un acte de communication gargantuesque avec le public, au travers d’une bouche que l’on a démesurément agrandie. Donc de notre puissance d’expression à tous.

Mon intervention comme ingénieur du son se complète d’une spatialisation jouée en temps réel. Avec l’ensemble Sphota et Eolie Songe.

A Valenciennes et Lille en janvier 2010, à Mons (Belgique) en septembre 2010.

Chûte(s)

Martin Matalon, Raphael Cendo et Mickael Jarell: 3 pièces nouvelles sur 3 films de Paolo Pachini. Projet emblématique d’un travail concerté des Centres Nationaux de Création Musicale français.

Après avoir assisté Raphael Cendo pour la création de sa pièce Charge (lors d’une résidence à la Muse en Circuit), je prend en charge le son et l’informatique musicale en tournée.

Charge est également jouée en version de chambre, sans le film et avec un dispositif électronique simplifié, comme par exemple à la Münchener Biennale für neues Musiktheater, en mai 2010.

« Dans ces époques muettes et aveugles, les hommes attachent une valeur spéciale et exclusive aux succès extérieurs, ne se préoccupent que de biens matériels et saluent tout progrès technique […] comme une grande réussite. Les forces purement spirituelles sont sous-estimées, sinon totalement ignorées.

[…] Cependant quelques rares âmes, qui ne peuvent être endormies et qui éprouvent un besoin obscur de vie spirituelle, de savoir et de progrès, gémissent, inconsolées et plaintives, dans le coeur des appétits grossiers. La nuit spirituelle s’épaissit de plus en plus. Autour de telles âmes effrayées, tout devient de plus en plus gris et ceux à qui elles appartiennent, de peur ou de désespoir, torturés et épuisés, préfèrent souvent la chûte brutale et soudaine dans le noir à ce lent obscurcissement.

[…] L’art continue dans cette voie du « comment ». Il se spécialise et n’est plus intelligible que pour les seuls artistes, qui commencent à se plaindre de l’indifférence du public pour leurs oeuvres. En général, l’artiste, dans ces périodes, n’a pas besoin de dire grand-chose, et un simple « autrement » le fait remarquer et apprécier de certains petits cercles de mécènes et de connaisseurs, qui le prônent […], de sorte que l’on voit une foule de gens habiles se jeter, avec un talent apparent, sur cet art qui semble si facile à conquérir. […]  »

Wassily Kandinsky, Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, Munich, 1910.

Le Cri de l’Oie

Le Cri de l’oie est un spectacle de théatre musical mis en scène par Thierry Poquet, avec la musique de Benjamin de la Fuente, pour 3 comédiens-chanteurs, 2 danseurs et 6 musiciens.

Réalisateur Informatique Musicale, je programme le patch Max/MSP puis interprète la partie électronique, qui consiste à déclencher des échantillons et des traitements temps réel en interaction avec le jeu des comédiens et musiciens.

Le Cri de l’Oie

est un voyage au cœur de l’univers du poète Christophe Tarkos, avec ce qu’il comporte de lumière et d’obscurité, de tendresse et de trivialité, de déséquilibre et d’accident, parfois d’absurdité

est un corps qui s’agite et qui en rit est effrayé essaie de décrire le monde, par morceaux, par fragments, comme nous l’appréhendons dans la réalité est jubilation du regard, de la parole, du sonore et du mouvement

est un solo de danse, dans le silence un poème adressé à Tarkos
est un « théâtre composé » où la partition tisse les sonorités instrumentales à celles des mots du poète, où la diversité des origines et des pratiques artistiques des interprètes
contribue à répandre cette légende qui prétend que dans la tête d’un poète est contenu le monde.

« Une électronique furtive mais exquise », Le Monde, 30 mai 2009  – l’article

Les Arpenteurs

Résidence pour la production d’un spectacle chorégraphique de Michèle Noiret, sur une musique mixte de François Paris jouée par Les Percussions de Strasbourg. Electronique réalisée par Alexis Baskind.

Pour la diffusion au Théatre National de Bruxelles, l’accent a été mis sur la possibilité de percevoir une latéralisation des instruments amplifiés en tout point de la salle, sans nuire à leur équilibre. Un système de diffusion de 24 haut-parleurs a été mis en oeuvre.

La complexité du routing (diffusion, retours, clics, micros, électronique) mis en oeuvre a été abordée par l’emploi d’un matriceur, qui tenait lieu de console.

Festival Manca

Interprétée par un soliste, un ensemble d’une vingtaine de musiciens ou un orchestre symphonique, la musique contemporaine peut être instrumentale, électroacoustique ou mixte.

Pour ces concerts peu communs, la sonorisation a un caractère esthétisant. Les ensembles acoustiques repris très légèrement donnent parfois l’impression d’une « hyper-réalité ». On intègre des traitements électroniques temps réel qui prennent alors un caractère instrumental. On diffuse, pour donner vie aux sons des machines, et prolonger l’interprétation. Les haut-parleurs ne sont pas toujours en façade, car ils adoptent une disposition scénique: l’amplification s’adapte à l’oeuvre et au lieu de représentation.

Le festival Manca a lieu sur la Côte d’Azur. Il est organisé chaque novembre par le CIRM (Nice), qui m’a confié la responsabilité du son pour 4 festivals.

Banff Summer Jazz Festival

Le Banff Centre est un lieu de formation pour les musiciens improvisateurs et compositeurs de jazz. L’International Jazz Workshop rassemble chaque printemps une centaine de musiciens pour un programme de master classes intense. En 2002 la faculté comptait entre autres Django Bates, Rob Shoeps, Jim Black, Chris Potter, Dave Douglas, Maria Schneider et Kenny Werner.

Les 25 concerts donnés par les élèves et la faculté au Jazz Club ou au Margaret Greenham Theatre ont tous été enregistrés et mixés direct-to-DAT.

Les groupes ont également eu la possibilité d’enregistrer en studio, un membre de la faculté assurant la direction artistique. Ces sessions ont été tournées en multipiste.